PP73V-Napoleon Bonaparte

A LA MARÉCHALE LANNES – Ebersdorf, 31 mai 1809.

Ma Cousine, le maréchal est mort ce matin des blessures qu’il a reçues sur le champ d’honneur.

Ma peine est égale à la vôtre. Je perds le général le plus distingué de mes armées. Mon compagnon d’armes depuis seize ans, celui que je considérais comme mon meilleur ami. Sa famille et ses enfants auront toujours des droits particuliers à ma protection. C’est pour vous en donner l’assurance que j’ai voulu vous écrire cette lettre, car je sens que rien ne peut alléger la juste douleur que vous éprouverez.

 

A JOSÉPHINE – 31 mai 1809

La perte du duc de Montebello, qui est mort ce matin, m’a fort affligé. Ainsi tout finit !

Adieu, mon amie. Si tu peux contribuer à consoler la pauvre maréchale, fais-le. Tout à toi.

PP58V-Napoleon Bonaparte
PP62V-Napoleon Bonaparte

Napoléon peu après la mort de Lannes :

« Chez Lannes, le courage l’emportait d’abord sur l’esprit ; mais l’esprit montait chaque jour pour se mettre en équilibre ; je l’avais pris pygmée, je l’ai perdu géant »

Napoléon à Sainte-Hélène :

« Lannes, le plus brave de tous les hommes était assurément un des hommes au monde sur lesquels je pouvais le plus compter… L’esprit de Lannes avait grandi au niveau de son courage, il était devenu un géant ».

Chaptal dans Mes souvenirs sur Napoléon :

« Deux ou trois généraux avaient conservé auprès de lui (Napoléon) une liberté de pensée et de conduite que les autres n’avaient pas. Le maréchal Lannes est néanmoins le seul qui ait gardé sa franchise et son indépendance. Passionné pour Napoléon, il n’a jamais soucrit aux caprices de son maître, il ne lui a jamais ni masqué ni caché sa manière de voir. Sur le champ de bataille comme à la Cour, il ne lui taisait aucune vérité. Aussi étaient-ils presque toujours brouillés, ou plutôt en bouderie ; car le raccommodement le plus entier s’opérait à la première vue, et le maréchal terminait presque toujours en disant avec humeur qu’il était bien à plaindre d’avoir pour cette catin une passion aussi malheureuse. L’Empereur riait de ces boutades, parce qu’il savait qu’au besoin, il trouverait toujours le maréchal. »